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LUMIÈRES DU CRUCIFIÉ EN GAUME

Peintures d'Antoine Juliens

tous les jours de 10h30 à 17h30 du 6 avril au 16 juin 2024


Et si le sentier qui, voici deux mille ans, conduisait Jésus vers le Golgotha, se situait, se reconnaissait quelque part en Gaume ? On pourrait voir le Chemin se dresser jusqu’au haut du ciel, sur un « Mont du Crâne », avant de redescendre au creux de l’une des cuestas, celle-là même qui vit naître la communauté monastique d’Orval, il y a près de mille ans.
 
C’est ainsi qu’un ensemble pictural intitulé « Lumières du Crucifié en Gaume » se trace, par désir d’évoquer la vie de celles et ceux qui ont subi et souffrent la violence en ce monde, parfois jusqu’à la mort. Ces quatorze temps sonnent en quatorze stations estampillant hier et aujourd’hui, dévoilant le parcours d’une humanité en perpétuelle quête de sérénité et d’espérance. 
 
Peut-on imaginer le long des sentiers de Gaume ou à l’orée d’une forêt en Ardennes le promeneur croiser de temps à autre l’une des quatorze stations ? Et que celle-ci ouvre son questionnement à la tendresse mais aussi à l’inhumanité ; que dans ces bois et ces prés deux forces d’apparences contraires réussissent à s’entendre pour lénifier les douleurs et toutes craintes. C’est une telle présence que j’ai tenté de traduire en ce « Via Crucis ». L’exposition a désir d’interpeler le passant, le globetrotteur qui, par trois fois, vit chuter celui qui, sans dire mot, porta et porte encore le monde en son cœur. 
 
En une interrogation sur la violence, l’exil et la mort, j’ai désir de faire entendre et voir que la mort n’est pas une fin. Au-delà de toute absence, se dévoile une vie réelle, nourrie d’une joie profonde, indicible, qui a vocation de préparer la rédemption en chacun. Si l’homme qui a été tué à Jérusalem est reflet de la brutalité et de la terreur que certains font subir aujourd’hui encore à d’autres hommes, c’est en réponse que j’ai composé un sentier en liberté, ni doloriste ni triste mais rempli de confiance. Je l’ai voulu comme le déroulé d’un songe quand la Nature interpelle chacun en son être, en ses pensées. Un homme est malmené par ses frères devenus bourreaux… De tableau en tableau, le chemin le guide vers une inéluctable fin, la mort sur un bout de bois. Or, la Nature crie et reçoit la douleur du Fils et l’accueille en son sein, jusque quand sera le temps pour la sève de remonter dans le corps, celle qui produit en chacun le Souffle d’éternité.
 
Comme en écho, dans un face-à-face, retentissent les dix paroles que Moïse au mont Sinaï reçut du Dieu. S’ouvre un Décalogue qui, en 10 regards, atteste et convie à entendre combien l’amour, dont parle l’apôtre Paul, appelle à resplendir sur ce bout de terre : « Quand je parlerais la langue des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui résonne ou cymbale qui retentit… si je n’ai pas la charité, je ne suis rien… »

Antoine Juliens

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